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Mémoire de vie 

Vous souhaitez écrire vos souvenirs, vos anecdotes, pour vous ou pour transmettre à votre entourage, mais vous ne savez pas comment vous y prendre.

A l’occasion d’une rencontre d’une heure à votre domicile, nos bénévoles, vous prêteront sa plume.

 

     Nous partageons avec vous ce témoignage récolté : 

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L’histoire du vieux Murat

Cette histoire m’a été contée par une vieille personne qui la tenait elle-même du fils Mu-
rat.

Le vieux Murat était inquiet. Inquiet et malheureux.

Son couteau, son vieux compagnon qui ne quittait jamais sa poche droite, que pour lui ren-
dre des services que l’on demande habituellement à un couteau : couper un bout de ficelle,

détacher un morceau de lard pour le poser sur son pain, peler une pomme, tailler un
crayon..., son vieux couteau venait de rendre l’âme, cassé net.
Certes, ce n’était pas un couteau sophistiqué comme on en voit maintenant, avec trente
six lames, un tire-bouchon, une lime, des ciseaux...C’était un simple et bon couteau de

campagne, bien solide, que lui avait donné son grand-père le jour de ses huit ans. Un cou-
teau de Nontron !

Il se sentait soudain tout nu, désappointé, vulnérable. Que faire ?

Notre vieux Murat décida de se rendre à la foire de Périgueux pour chercher un autre ca-
nif. L’histoire se passait il y a fort longtemps. A l’époque, on marchait. Seuls les bourgeois,

les marchands ou les hobereaux avaient un attelage. Les villages, alors entourés de bois et
de champs, étaient reliés entre eux par de méchantes routes tortueuses et parsemées de
cailloux.
Pour se rendre à Périgueux, le vieux Murat ne prit donc pas la route « officielle », bien trop
longue. Il prit, à rebours, l’ancien chemin de Compostelle,-devenu plus tard la route

« Napoléon »-, qui coupe à travers bois en passant devant le Pinier, monte par la Haute Fo-
rêt, rejoint Manzac par le bois de Jaure et ainsi de suite, laissant Coursac sur la droite pour

rejoindre Périgueux, chaque village étant séparé du suivant par une portion de forêt.
Il partit à l’aube et marcha d’un bon train. Arrivé en ville, après avoir fureté devant tout les

étals, son regard se porta sur l’objet tant désiré : un bon couteau de Nontron qui ressem-
blait à l’autre, le manche en bois de buis, une belle lame fine et acérée mais solide, ni trop

grand ni trop petit ni trop lourd ni trop léger. Après avoir fait affaire avec le marchand, il fit

claquer la lame plusieurs fois et mit son trésor dans sa poche droite, sachant qu’il le garde-
rait jusqu’à la fin de ses jours.

Tout étonné de la ville, malgré tout, notre brave paysan s’attarda un peu à regarder la foule,
le marché, les grandes maisons, les places animées. Il reprit enfin sa route, mais plus tard
que prévu.

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